Zonga, quand les masques dansent, l’Histoire se révèle

par Redaction NOFI

Découvrez Zonga, un spectacle captivant mêlant danse, musique et art visuel pour explorer l’identité africaine, la restitution des masques et l’héritage culturel.

Zonga : une exploration de l’identité et de l’héritage culturel africain

Il est des moments où l’art transcende le simple divertissement pour devenir un miroir tendu à la société, un écho des voix longtemps étouffées, une invitation à revisiter les pages oubliées de notre histoire commune. Zonga est de cette trempe-là. Ce spectacle de danse, imaginé par le chorégraphe congolais Jipé Lukusa-Kankonde, est bien plus qu’une performance scénique ; c’est une exploration profonde des questions d’identité, d’héritage culturel et de justice historique.

Le retour des masques

Zonga, qui signifie « retour » ou « reviens » en lingala, langue du Congo, résonne comme un appel puissant à la restitution des objets d’art africains à leurs pays d’origine. Mais au-delà de la question matérielle des objets, c’est une quête de soi, une reconnection avec des racines parfois coupées, une affirmation que le patrimoine culturel ne peut être dissocié de ceux qui l’ont créé.

Sur scène, quatre danseurs évoluent en symbiose avec quatre masques, symboles emblématiques des cultures africaines. Dans la tradition, le masque n’est pas qu’un simple objet ; il est l’incarnation d’un esprit, une passerelle entre le monde des vivants et celui des ancêtres. Le masque est à la fois matière et âme, et celui qui le porte devient le vecteur d’une histoire millénaire.

Dès les premières notes, les masques reprennent vie, sortant de leur silence imposé par les vitrines des musées occidentaux. Les corps des danseurs, habités par ces esprits ancestraux, retrouvent des sensations oubliées. Ils dansent, non pas pour le simple plaisir du mouvement, mais pour raconter une histoire, celle d’une déchirure et d’un désir de réunification.

Tradition et modernité : le dialogue des corps

Le spectacle est une conversation entre tradition et modernité, entre l’héritage ancestral et les influences contemporaines. Les danseurs aspirent à une liberté nouvelle, à transcender les codes établis, attirés par les promesses d’une modernité souvent dictée par d’autres. Ils sont influencés par des dogmes importés, des images véhiculées par une mondialisation uniformisante.

Face à eux, les masques, gardiens des traditions, les encouragent à ne pas oublier, à maintenir ce lien précieux avec leurs racines. Ce dialogue, parfois conflictuel, se traduit par une chorégraphie où les styles se mêlent et se répondent. La danse traditionnelle, avec ses mouvements ancrés dans le sol, côtoie la danse contemporaine, aérienne et libérée. C’est un équilibre délicat, une recherche constante du juste milieu entre le passé et le présent.

La musique, éclectique et audacieuse, accompagne cette dualité. Elle oscille entre des sonorités traditionnelles africaines, des chants grégoriens, du gospel et des notes électro. Chaque note, chaque rythme est une couche supplémentaire dans cette exploration identitaire.

Jipé Lukusa-Kankonde, l’artiste au carrefour des mondes

Au cœur de Zonga se trouve Jipé Lukusa-Kankonde, chorégraphe et danseur autodidacte au parcours aussi riche que singulier. Né au Congo, Jipé a commencé sa carrière dans la danse hip-hop, maîtrisant le poppin’, le locking et le jazz-rock. Mais son appétit pour l’expression corporelle l’a rapidement poussé à explorer d’autres horizons.

Au fil des années, il s’est formé à des styles variés : ballet, modern jazz, danse contemporaine, techniques Graham et Horton, afro-contemporain, et bien d’autres. Cette polyvalence lui a permis de collaborer avec des compagnies prestigieuses et de se produire sur les scènes du monde entier, de l’Asie à l’Amérique, en passant par l’Europe et l’Afrique.

Mais au-delà des performances, c’est sa capacité à fusionner les styles, à créer des ponts entre les cultures, qui fait de lui un artiste à part. Avec Zonga, il signe une œuvre personnelle et universelle, une invitation à repenser notre rapport à l’art, à l’histoire et à nous-mêmes.

Une expérience immersive et engagée

Zonga n’est pas un spectacle comme les autres. Il mêle danse, musique, théâtre et arts visuels pour offrir une expérience immersive au spectateur. Les projections d’images et de courts enregistrements de débats enrichissent l’esthétique du spectacle, tout en suscitant une réflexion profonde sur les enjeux historiques et contemporains.

Les danseurs, Abdul Karim Sangari, Brice Gabiro, Lele Vanyan et Jipé Lukusa-Kankonde lui-même, incarnent cette dualité entre tradition et modernité. Leurs mouvements captent l’énergie du débat, exprimant tour à tour la révolte, la nostalgie, l’espoir et la détermination.

La scénographie, épurée mais symbolique, permet à l’attention de se concentrer sur l’essentiel : le message porté par les corps en mouvement. Les costumes et maquillages, conçus par Marie Cécile Memesi, renforcent cette impression d’intemporalité, de connexion entre le passé et le présent.

La question de la restitution, un débat nécessaire

Au-delà de l’aspect artistique, Zonga pose une question essentielle : celle de la restitution des objets d’art africains. Des milliers d’œuvres, masques, sculptures, artefacts sacrés, ont été prélevés sur le continent africain pendant la colonisation et sont aujourd’hui exposés dans les musées occidentaux. Ces objets, arrachés à leur contexte culturel et spirituel, sont souvent présentés comme des curiosités exotiques, déconnectées de leur signification profonde.

Le spectacle explore les arguments en faveur et contre cette restitution. D’un côté, le besoin de retrouver une partie de son identité, de réparer une injustice historique, de permettre aux nouvelles générations de se reconnecter avec leur héritage. De l’autre, les arguments liés à la conservation, à la visibilité mondiale, ou encore aux enjeux financiers.

Mais Zonga ne cherche pas à imposer une vision manichéenne. Il invite plutôt le spectateur à réfléchir, à se questionner, à comprendre les multiples facettes de ce débat complexe. En mettant en scène ce dialogue entre les masques et les danseurs, il illustre de manière poignante les tensions, les espoirs et les contradictions inhérentes à cette problématique.

Un miroir tendu à la société

L’art a ce pouvoir unique de révéler ce qui est souvent caché, de donner une voix à ceux qui sont réduits au silence. Zonga est une œuvre engagée qui interpelle sur les rapports de pouvoir, les héritages coloniaux, et la manière dont le passé continue d’influencer le présent.

En revisitant les relations entre le Nord et le Sud, le spectacle rappelle que l’histoire n’est pas figée, qu’elle peut et doit être réécrite, réappropriée. Il souligne également l’importance de la transmission, de la mémoire collective, et de la nécessité de préserver les cultures dans toute leur richesse et leur diversité.

Une invitation à la réflexion et à l’émotion

Assister à Zonga, c’est accepter de se laisser porter par une vague d’émotions, de questionnements, de découvertes. C’est plonger dans un univers où les frontières s’estompent, où le mouvement devient langage, où chaque geste a une signification.

C’est aussi une occasion rare de découvrir le talent de danseurs exceptionnels, guidés par un chorégraphe visionnaire. Leur performance est à la fois technique et profondément humaine, mêlant virtuosité et sincérité.

Informations pratiques

  • Durée du spectacle : 1 heure
  • Danseurs : Abdul Karim Sangari, Brice Gabiro, Lele Vanyan, Jipé Lukusa-Kankonde
  • Chorégraphe : Jipé Lukusa-Kankonde
  • Musique : Fusion de sons contemporains et traditionnels africains, chants grégoriens, gospel, électro
  • Scénographie : Projections visuelles, jeux de lumière conçus par Sébastien Jimenez
  • Costumes et maquillages : Marie Cécile Memesi (@memesikubi)
  • Photographie et animations : Madelon Timmers (@Floating Sphere)

Réservez votre place pour un voyage unique

Zonga est plus qu’un spectacle ; c’est une expérience à vivre, un voyage introspectif qui résonne bien au-delà de la salle de spectacle. Ne manquez pas cette opportunité de vous laisser transporter par une œuvre qui allie beauté, profondeur et pertinence.

Pour plus d’informations et pour réserver vos places, contactez l’asbl Cie Amba Malu :

Ou directement avec Jipé Lukusa-Kankonde :

Zonga est une ode à la résilience, à la richesse des cultures africaines, et à la nécessité de préserver et honorer notre héritage commun. Dans un monde en quête de sens et de justice, ce spectacle est une lueur d’espoir, une preuve que l’art peut être un vecteur puissant de changement et de prise de conscience.

Comme le disait si bien l’écrivain nigérian Chinua Achebe : « Si vous n’aimez pas l’histoire que l’on raconte sur vous, racontez votre propre histoire. » Zonga est cette histoire, racontée avec passion, talent et une sincérité désarmante.